Le Blog de Pierre-Alain Goualch

Voici les sentiments inspirés à François Postif (Journaliste, écrivain, auteur de "Blue Monk" en collaboration avec Jacques Ponzio 1995, éditions Actes Sud), à l'écoute de la maquette de "Honky Monk Woman" (texte qui sera imprimé sur la pochette de l'album…)

…"Le compact que vous venez d'acquérir, s'est fait sous osmose : avec une chanteuse "fan" de Monk, Valérie Graschaire, née en 1966 à Metz, nancéienne d'adoption, tout comme P.A. Goualch. Sur des paroles américaines composées pour la plupart par le chanteur John Hendrix, (sauf les textes français qui sont de Valérie), elle s'exprime avec énormément de sensibilité et de tendresse magnifiquement soutenue par Pierre-Alain. A ce sujet, j'aimerais faire remarquer que si Monk s'était approprié quelques bluettes de Broadway pour les habiller d'un authentique climat monkien, le soliste Pierre-Alain n'imite pas Monk mais le fait pénétrer pour notre plus grand plaisir, dans son jeu. Bref cette réunion naturelle entre deux monkiens inconditionnels nous fait toucher de l'oreille que toutes les compositions de Monk , si elles avaient été mises en chansons, auraient pu facilement faire des "tubes". C'est une évidence et ce duo tout imprégné de cette admiration commune pour l'unique Mélodious Thonk en est une brillante démonstration." 


L'EST REPUBLICAIN


Le duo ne souffre pas de médiocrité, c'est l'un des exercices les plus périlleux. Bon nombre de duos "voix piano" ont jalonné et marqué l'histoire du jazz, Ella Fitzgerald et Oscar Peterson ou encore, plus récemment, à Chick Corea et Bobby McFerrin. La liste est, bien sûr, loin d'être exhaustive.
Dans ce type de configuration, le musicien ne peut tricher ou même faire illusion, il doit être exceptionnel. En somme, le duo apporte une liberté d'action et de recherche, mais demande une grande rigueur. Etre toujours sur le fil du rasoir sans jamais s'égarer. Chez Thelonious Monk, les occasions de se perdre sont nombreuses, tant ce musicien a révolutionné l'harmonie. Jamais ses compositions ne tombent dans «l'évident» et choisir de jouer Monk est.déjà un morceau de bravoure en soi. C'est pourtant ce qu'a fait le duo, samedi soir, à la salle Poirel, à l'occasion de la sortie de leur album.
Pierre-Alain Goualch, l'un des pianistes les plus en vue de la scène jazz nationale, a su explorer les territoires loin d'être encore défrichés, du répertoire monkien (qui avait d'ailleurs, en 1994, été lauréat du concours international jazz de la Défense en interprêtant Well You Needn't de Monk). Respect des frottements ou de ce côté heurté, l'esprit de Monk était pénétré par les arrangements magnifiques de Pierre﷓Alain Goualch. De l'inventivité donc.

Univers à part

Quant à Valérie Graschaire, solennelle ou mutine, elle a chanté avec grande sensibilité; sa voix faisant le grand écart entre aigus et médiums, tissant les notes du pianiste, bâtissant, finalement, un méandre ingénieux. De la haute voltige. Comment résister au frisson d'une musique essentielle revisitée avec courage et talent? Comment ne pas applaudir devant tant de risques en une seule soirée? Un concert qui démarre a capella sur Monk's Mood, où Bemsha Swing devient une perle d'humour (pour lequel Valérie a écrit les paroles en français) et où Rythm A Ning apparaît sous une toute nouvelle lumière.
On savait que Monk était l'un des grands compositeurs de ce siècle, on saura maintenant que ce duo vient de poser une empreinte importante dans un univers à part.
• Honky Monk Woman
Pierre-Alain Goualch et Valérie Graschaire. Prod EMD 0001. A noter, la sortie prochaine d'un autre disque de Pierre-Alain: Exploring the music of Serge Gainsbourg avec André Ceccarelli et Rémi Vignolo.
Vincent OUDOT - 30/04/01

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